Dimanche dernier, le gouvernement libéral dévoilait son plan de lutte à la pauvreté, très paradoxalement nommé « Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale 2017-2023 ».

Les bons et les mauvais « pauvres » du gouvernement libéral

Selon Engagez-vous pour le communautaire, ce plan s’attarde beaucoup plus à créer deux catégories de « pauvres » en pénalisant durement ceux que le gouvernement juge « aptes à l’emploi », sans jamais s’attarder sur les véritables raisons qui ont poussé ces citoyennes et citoyens en marge de notre société. Le parti libéral prône l’intégration à l’emploi, à n’importe quel prix, sans se soucier de réellement sortir les gens du cercle vicieux de la pauvreté. Il risque ainsi de plonger plusieurs personnes dans une situation encore plus précaire, à les confronter à de nouveaux échecs, avec des emplois mal payés, sans avantages sociaux et surtout non adaptés aux personnes à besoins particuliers (analphabétisme, santé mentale, monoparentalité, trouble de socialisation, etc.).

Encore une fois, le gouvernement préfère miser sur une logique économique douteuse et un plan de marketing électoraliste plutôt que d’entendre les propositions concrètes du milieu communautaire et des personnes en situation de pauvreté.

Des promesses de rehaussement récurrent totalisant 54 M$ pour le milieu communautaire

Depuis plus de dix-huit mois, la campagne Engagez-vous pour le communautaire lutte pour que les groupes communautaires puissent continuer à travailler à l’amélioration des conditions de vie de la population et à assurer le respect des droits. Elle lutte également pour que le gouvernement soutienne adéquatement l’action communautaire autonome par l’augmentation de son financement et le respect de son autonomie, tout en réinvestissant dans les services publics et les programmes sociaux.

Grâce aux divers moyens de pression mis en œuvre par les organismes depuis plusieurs années, (manifestations, grèves, pétition, etc.) le communautaire a fait quelques gains : 25 millions en santé et services sociaux d’ici 2022, 12,6 millions en défense collective des droits d’ici 2023, 9 millions récurrent en éducation, 1 million d’ici 2023 pour les Corporations de développement communautaire (CDC), 20 millions sur deux ans (non-récurrent) pour les groupes Famille, 1 million pour les CALACS, 6,48 millions récurrent d’ici 2020 pour la santé des hommes ainsi qu’une augmentation du montant de base des organismes en immigration qui passera de 25 000$ à 27 000$ en plus de l’octroie d’une indexation annuelle de 1,1%. Toutefois, mentionnons que la majorité de ces montants sont malheureusement conditionnels à la réélection du Parti libéral et au bon vouloir du futur ministre des finances.

La lutte se poursuit pour le communautaire!

Les promesses de gains totalisent environ 54 millions de dollars ce qui ne représente qu’environ 11% des besoins réels des organismes. C’est un début, mais ce ne sont que des promesses et c’est loin de régler la crise financière des 4000 organismes d’action communautaire du Québec qui sévit depuis plusieurs années. D’autant plus que plusieurs secteurs importants sont toujours laissés pour compte (environnement, loisir, médias communautaires, habitation et solidarité internationale) alors qu’ils subissent, comme tout le monde, une augmentation marquée de leurs dépenses.

Les quelques dollars éparpillés au gré de l’actualité, en guise de bonbons électoraux, ne changeront à peu près rien à la situation dramatique des 4000 organismes communautaires du Québec. Pour répondre aux besoins de la population et pour offrir des conditions de travail adéquates aux travailleuses et travailleurs du milieu communautaire, c’est de 475 millions de dollars dont les groupes communautaires ont besoin! Le milieu communautaire, loin de baisser les bras, poursuivra sa lutte, sans relâche, afin d’obtenir un financement à la hauteur de ses besoins et des services qu’il rend aux communautés et à la société.

La population n’est pas dupe

Baisses d’impôt inutiles et lilliputiennes, chèques de remboursement de fournitures scolaires, abolition de la taxe santé, diminution des taxes scolaires… Tous ces cadeaux ne nous ferons jamais oublier à quel point la population du Québec, et particulièrement les plus démunis, ont souffert sous le règne d’austérité de Philippe Couillard.

Le jour où nos dirigeantes et dirigeants comprendront qu’il faut d’abord agir en amont et outiller convenablement tous les intervenantes et intervenants sociaux, dont les organismes communautaires, nous pourrons alors réellement parler d’un plan de lutte à la pauvreté qui portera fruits. En attendant, Engagez-vous pour le communautaire poursuit son combat et exhorte tous les partis politique à réellement s’engager pour le communautaire et, par conséquent, pour la population.

Pour information, Caroline Toupin, pour le comité de coordination de la campagne Engagez-vous pour le communautaire : 514-260-3786