Le mouvement communautaire demande des investissements massifs dans le filet social lors de la prochaine mise à jour économique

Monsieur le ministre,


Pour continuer à se protéger face à la COVID-19 et ses impacts, il est impératif d’investir massivement dans le filet social.
Alors qu’une seconde vague nous frappe de plein fouet et que les inégalités sociales se creusent, il est urgent que la prochaine mise à jour économique du gouvernement mette fin à des décennies de sous-financement et de fragilisation du filet social, dont le milieu communautaire est un maillon essentiel.


Après avoir absorbé les effets de l’austérité pendant des années, les organismes communautaires sont aujourd’hui très impactés par la crise de la COVID-19 et ce, à plusieurs niveaux : réorganisation, adaptation, diminution et/ou arrêt de services et d’activités, augmentation des demandes de la population, pression accrue sur les travailleurs et travailleuses, fatigue des équipes de travail, réduction de la main d’oeuvre, mises à pied forcées, diminution des revenus par l’impossibilité de tenir des activités de financement, gestion exacerbée par les demandes d’aide d’urgence, atteintes à leur autonomie, etc.


Aurons-nous la capacité d’absorber à court, moyen et à long terme les effets de la crise de la COVID-19 ? Rien n’est moins sûr dans un contexte de crise économique, doublé par un sous-financement chronique qui perdure depuis plusieurs décennies. Il manquait déjà 460M$ aux 4000 organismes de la province avant la pandémie pour qu’ils aient les moyens de réaliser pleinement leur mission. Dans le contexte actuel, les besoins sont encore plus criants.


Or, jamais le gouvernement n’a autant compté sur le communautaire qu’en ces temps de COVID-19 pour garantir un filet social, alors que ce sont les personnes en situation de vulnérabilité qui sont les plus touchées.
Les fonds d’urgence injectés dans le milieu communautaire durant les derniers mois étaient ponctuels, largement insuffisants et ne visaient que certains secteurs, alors que les besoins grandissants se font sentir partout.


Avec ses 4000 organisations, 60 000 travailleuses et travailleurs et 425 000 bénévoles, le secteur communautaire doit faire partie de la relance économique. Nous sommes un acteur essentiel pour agir face à la crise sanitaire et assurer la protection collective. Par ailleurs, soulignons que le milieu communautaire s’attèle en permanence à faire face aux nombreux enjeux sociaux impossibles de “mettre sur pause”, voire exacerbés pendant que la pandémie fait rage (isolement, pauvreté, analphabétisme, itinérance, droit au logement, violence conjugale, crise climatique, accès à l’alimentation, soutien aux aînées, racisme systémique, etc.).


Monsieur le ministre, pour faire face à cette conjoncture exceptionnelle et réaliser notre rôle de transformation sociale, vous devez consolider notre financement à la mission. C’est grâce à l’autonomie que procure ce type de financement que le communautaire peut s’adapter si rapidement et efficacement aux besoins émergents de la population, en faisant preuve de créativité, de flexibilité et de résilience pendant les situations de crise comme celle que nous vivons actuellement.
En conclusion, il est impératif que les investissements publics nécessaires pour soutenir l’action communautaire doivent être engagés sans que cela empêche les pouvoirs publics de remplir leurs obligations en termes de protection des droits sociaux et économiques.


N’attendez pas qu’il soit trop tard pour agir. Engagez-vous pour le communautaire et la justice sociale.

 

Tristan Ouimet-Savard, Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA)
Claudia Fiore-Leduc, Coalition des Tables régionales d’organismes communautaires (CTROC)
Geneviève Beaulieu Veilleux, Table nationale des corporations de développement communautaire (TNCDC)
– Au nom de la Campagne Engagez-vous pour le communautaire! –

** Lettre ouverte signée par plus de 250 signataires du milieu communautaire **
Pour consulter la liste des signataires: cliquez ici!